Interview de John Altman à l’Occasion des 20 ans de Titanic (sorti en Blu-ray 3D) !
À l’occasion des 20 ans de Titanic (déjà édité en Blu-ray 2D et 3D), j’ai eu la chance de pouvoir poser quelques questions à John Altman, consultant musical historique sur le film…
Quel est brièvement votre parcours ?
JA. Je suis né dans la musique. Mes oncles, Sid et Woolf Phillips, travaillaient au London Palladium avec les plus grands artistes comme Frank Sinatra. À l’âge de 12 ans, j’ai commencé apprendre le saxophone, au début c’était une catastrophe. Rapidement, j’ai commencé à écrire par envie et par passion, pour les autres d’abord, puis sur les conseils de mes proches, pour moi. Après tout s’est enchaîné, les concerts avec les plus grands musiciens, la BBC, les films, les récompenses, etc… Encore aujourd’hui, j’ai dû mal à réaliser tout ça, la musique c’est ma passion, au final il n’y a qu’elle.
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Quel est le rôle d’un consultant historique musical ?
JA. Pour Titanic, j’ai été responsable de l’Histoire de la musique, c’est à dire connaître, en plus des compositions, l’environnement qui était très particulier lorsque les musiques ont été jouées. Ceci affecte énormément le morceau, beaucoup plus qu’on ne pourrait l’imaginer. J’ai dû effectuer un très gros travail de recherche pour être au plus proche de l’atmosphère de l’époque. Ma tâche par la suite s’est principalement axée sur l’orchestre, le travail de la composition, ainsi que sur le choix des morceaux de musique.
Comment êtes-vous arrivé sur le projet ?
JA. J’ai été contacté à travers mon agent pour mon expertise dans l’Histoire de la musique. Grâce à mes expériences musicales diversifiées, j’ai su être très adaptable à travers tous les styles musicaux des différentes époques. Je suis allé rencontrer l’équipe de production avant le début du tournage, et là j’ai pu faire également la rencontre du groupe “I Salonisti” de Suisse. Tout de suite après, nous avons commencé à enregistrer quelques morceaux.
Quelles furent vos inspirations ou motivations et comment avez-vous abordé votre travail et/ou le tournage ?
JA. Le plus important pour moi c’est l’authenticité dans ma musique. Par exemple: “Alexander’s Ragtime Band” un morceau mythique dans le film, ne pouvait pas être composé comme un morceau actuel, j’ai dû prendre en compte le style musical en vogue plus de cent ans auparavant. Pour cela je me suis rendu à la Librairie du Congrès à Washington DC pour y trouver des fiches de musique de l’époque. J’ai découvert les hits de Broadway et les chansons populaires. Ceci a contribué à ma compréhension de la musique du siècle passé, les intonations et la composition des années 1910 et 1911. Un point intéressant : Les joueurs de l’époque étaient sur des bateaux de croisières, ils étaient de vraies stars à cette époque, traverser l’Atlantique était le voyage d’une vie, de gros budgets étaient consacrés au confort à bord et donc au divertissement. Ils avaient l’obligation de connaître tous les morceaux, de traiter le sujet sur les meilleurs de leur temps, cela avait une réelle influence sur le son final.
Quelle expérience retenez-vous sur ce film ? Votre meilleur et votre pire souvenir de tournage ?
JA. Un de mes souvenirs qui m’amuse beaucoup a été durant le tournage de la fameuse scène du bateau quand celui-ci commence à couler, les musiciens jouent pour la dernière fois “Nearer My God To Thee”. Le directeur James Cameron tenait à ce que le passage soit filmé sans playback, alors que la scène avait été prévue (comme toutes les autres) à être enregistrée avant le tournage. Du coup, j’ai appelé le Mexique depuis Londres et je leur ai chanté le morceau en direct au téléphone. Un autre souvenir est la durée du tournage, plus d’un an ! On m’a demandé à l’époque de tourner avec eux sur place, mais dû à des contraintes de travail, j’ai refusé. La personne qui m’a remplacé est restée un an sur le tournage. Les producteurs du film Titanic ne s’attendaient pas à tout ce succès. Ils pensaient juste réaliser un film parmi tant d’autres. Le public est devenu complètement fou à sa sortie ! Si j’avais anticipé son succès, j’aurais sûrement mis quelques projets de côté pour m’investir davantage lors du tournage.
Parlez-nous un peu de James Cameron et du casting que vous avez sans doute côtoyé…
JA. Après avoir produit un des albums du Titanic 3D en 2012, j’ai eu l’opportunité de rencontrer une grande partie du cast. J’apprécie énormément James Cameron, il a toujours été intéressant, attentionné, très reconnaissant et amical. Billy Zane est aussi un homme gentil et intéressant, je l’ai connu avant le tournage de Titanic. Nous sommes tous les deux très liés l’un envers l’autre. Leonardo DiCaprio et moi nous nous sommes rencontrés lors de quelques soirées, il est souvent venu assister à mes concerts en direct à Londres, ce qui nous a beaucoup rapproché.
Que pensez-vous de la 3D, de l’engouement pour la 3D et de l’Ultra Haute Définition (4K) ?
JA. Mes sentiments sont partagés pour la 3D et l’Ultra Haute Définition. Le film Titanic en 3D était superbe, le film a bénéficié de la 3D surtout pendant la scène du bateau s’enfonçant dans l’eau. Les films d’actions ou d’effet spéciaux ont un excellent rendu en 3D ou HD, quand on prend en compte les vastes espaces, le rendu est impressionnant. Ceci n’est pas toujours le cas, certains films, peut-être plus lents ou softs, présentent moins d’intérêts à être amplifiés avec trop d’effets, parfois la version originale se satisfait juste en elle-même, sans en faire trop.
Et si vous ne deviez que garder cinq films sur vos étagères… lesquels seraient-ils ?
JA.
• “Duck Soup” – Marx Brothers (1933)
• “Robin Hood” – Michael Curtis & William Keighley (1938)
• “The Thief of Bagdad” – Micheal Powell, Ludwig Berger & Tim Whelan (1940)
• “North by Northwest” – Alfred Hitchcock (1959)
• “The Naked Truth” – Mario Zampi (1957)
Êtes-vous une consommateur de Blu-ray ? Que pensez-vous de ce nouveau format ?
JA. Une contrainte dans le cinéma, c’est qu’on essaye toujours de trouver le “tout nouveau” ou la nouvelle technologie qui va révolutionner les écrans. Personnellement, je reste très attaché à mes VHS. Ceci n’est pas forcément super pratique, donc je les transforme en version digitale sur mon ordinateur, ce qui me prend du temps, mais cela me plaît. Maintenant, je reçois aussi beaucoup de choses en Blu-ray et il faut avouer que c’est un support impressionnant de fidélité pour l’image et la bande son du film.
Comment pourriez-vous présenter le film en quelques mots avec votre vision d’expert musical afin de donner envie à mes lecteurs de redécouvrir le film en Blu-ray ?
JA. C’est presque incroyable de se dire que le film relate des événements historiques remontant à plus de cent ans, et que l’histoire est tout aussi pertinente de nos jours. C’est un classique, un des films qui a créé une vraie empreinte dans l’histoire du cinéma. Augmenter la qualité de l’image et du son permet une expérience encore plus immersive, je ne sais pas si c’est politiquement correct au sujet d’un navire qui sombre…
Quels sont vos futurs projets ?
JA. J’ai plusieurs projets en cours, dont un que je n’ai pas le droit de divulguer pour le moment. Je pars en croisière de luxe pour discuter de ma carrière, je continue toujours d’enregistrer des morceaux à Abbey Road à Londres. J’ai commencé à écrire une autobiographie, et finalement, je joue en live avec mon groupe.
Un très grand merci à Emilie Melloni-Quemaret, Alice Du Lac et John Altman, plus qu’adorables, pour cette interview – Cédric // www.blurayenfrancais.com