Blu-ray L’île : Interview d’Olivier Boillot !

A l’occasion de la sortie du Blu-ray, j’ai eu l’opportunité de poser quelques questions à Olivier Boillot, réalisateur de L’île, les naufragés de la Terre perdue.

Pourriez-vous un peu nous raconter la genèse de ce film ? Comment êtes-vous arrivé sur le projet ?
OB. J’ai commencé à écrire les premiers jets en 2003, qui n’ont au final presque rien à voir avec la version définitive…sauf que ça se déroulait bien sur une île mystérieuse. Puis l’histoire, les personnages ont évolué pendant environ 1 an et demi. Par la suite j’ai fait réaliser quelques illustrations racontant des passages clés du film pour pouvoir monter un petit bout de film, comme une bande-annonce. Avec mon scénario et mon trailer je suis allé démarcher un bon nombre de boites de production sur Paris…mais en vain. Toutes les réponses furent négatives… à vrai dire, c’était sans surprises, je m’y attendais. J’avais des contacts en Belgique pour que le film se fasse en co-prod pour la TV. La suite du développement de « L’île » s’est profilée dans ce sens, j’ai rencontré des producteurs belges et j’avais même l’accord de quelques acteurs de là-bas. Puis les démarches sont devenues longues, et sans résultats…j’avais l’impression que tout le monde freiné des quatre fers dès qu’ils entendaient parler du projet…, juste parce que c’était du film d’aventures/ science-fiction. J’ai donc retiré le peu de billes que j’avais là-bas et suis revenu à la case départ. C’est à partir de là que j’ai décidé de faire le film seul. Sans boites de productions, sans subventions… La 1re étape consistait à convaincre des gens qui formeraient mon équipe de production, chacun avec des compétences particulières : commercial, gestion d’entreprise, production… Il faut préciser que tous « ces producteurs exécutifs » comme on les appelle dans le générique, ne viennent absolument pas de l’univers du cinéma… En y repensant, nous n’avions au final aucune compétence dans la production de long-métrage. La 1re réunion de production eut lieu en septembre 2006 (nous avons terminé le film quasiment jour pour jour 4 ans après).

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Quelles furent vos inspirations ou motivations et comment avez-vous abordé le tournage ?
OB. Pour moi “L’île” est avant tout un hommage à l’univers de Jules Verne et aux films d’aventures “old school”, avec des décors construits en studio, des matte painting, etc… et une bande son à “l’américaine”. L’idée était de se faire plaisir tout en montrant ce qu’on était capable de faire en “low budget”. En tant que 1er long-métrage, le plus dur est de tenir sur la longueur, surtout avec un tournage qui se déroule dans pas mal de lieux différents : Région Rhône-Alpes, Bretagne et Ile de la Réunion ; et avec à chaque fois entre 25 et 40 personnes à gérer chaque jour. C’est ça qui est le plus difficile.

Votre meilleur et votre pire souvenir de tournage ?
OB. Le meilleur souvenir c’est le tournage en studio… On se serait vraiment cru sur une super production américaine ; les plateaux étaient magnifiques et superbement éclairés. Le pire, c’est la dernière semaine de tournage, en 2008. Nous étions en Bretagne et l’équipe fut à deux doigts de nous lâcher car les conditions de tournage étaient trop difficiles…

Que s’est-il passé entre son tournage en 2007 et sa sortie en Blu-ray en 2011 ? Pourquoi n’est-il pas sorti au cinéma ? Comment l’idée d’enfin éditer votre film en vidéo vous est-elle venue ?
OB. Nous avons tourné en studio et sur l’Ile de la Réunion à l’été 2007. A notre retour, on s’est retrouvé dans les dettes et incapable de terminer le tournage. Il nous a fallu quasiment une année pour boucher les trous financiers et trouver l’argent nécessaire à la finition des prises de vues. Il nous restait environ 20 minutes à mettre en boite. C’est ce qu’on a fait à l’été 2008. Puis la post-production a débuté en octobre de cette année pour ce terminé en septembre 2010. Ce sont les effets spéciaux et la bande son qui ont demandé le plus de boulot. Au départ il ne devait y avoir qu’une trentaine de plans truqués et au final on se retrouve avec plus de 100 plans retouchés. Le mixage 7.1 a pris beaucoup de temps aussi car il faut savoir que l’intégralité de la bande son a été recrée en studio : les voix, les bruitages, les ambiances…tout a été refait. Comme si on avait un film d’animation entre les mains. Le résultat est vraiment impressionnant. Les distributeurs cinéma sont très réfractaires aux projets qui n’ont pas suivi le chemin classique de production, à savoir l’obtention de l’agrément du cnc, qui débloque du coup l’arrivée de subventions (aides pour la distribution), la participation des chaînes, etc. En septembre 2010, nous avons organisé des projections en salle du film en invitant des distributeurs vidéo et ciné. On avait pour l’occasion “tirer” une copie cinéma de “L’île” en DCP. Les propositions les plus intéressantes provenaient des distributeurs vidéo. A ce sujet, les gens de chez Emylia ont fait un super boulot éditorial sur le film, et ce sont des gens comme ça avec qui on voulait travailler, très à l’écoute et comprenant la nature de ce projet un peu particulier. Une sortie cinéma aurait été je pense (surtout au vu des propositions qu’on a eu) suicidaire pour le film… Il aurait perdu de la valeur par la suite. Et puis pour être franc, c’était l’idée de départ de réaliser un direct-to-vidéo.

Avec le recul, qu’aimeriez-vous changé sur L’île ? Des regrets ?
OB. Oui bien entendu j’ai quelques regrets, même si dans l’ensemble je suis très satisfait du résultat, car ce n’était pas gagné d’avance. Nous sommes allés au bout de chaque chose, c’est aussi pour ça que la post-production a duré si longtemps, cette phase nous a permis de rectifier le tir sur pas mal de choses ou d’erreurs que l’on avait faites pendant le tournage. S’il y avait des éléments à changer, je dirais que ce serait lié à certaines scènes un peu avortées et à quelques dialogues mal placés…

Êtes-vous un consommateur de Blu-ray Disc ? Que pensez-vous de ce nouveau format ?
OB. Oui et depuis peu de temps. C’est un support vraiment exceptionnel, surtout pour les réalisateurs. Le film est très proche du master HD, et c’est vraiment réconfortant pour nous de se dire que le spectateur pourra voir le film dans de très bonnes conditions. C’est même encore mieux pour le son, avec “L’île” on est ravi d’avoir pu y mettre le master audio DTS 7.1, sans compression. Le seul regret que j’ai par rapport au dvd, c’est l’absence de multiples pages dans les menus. Là où le dvd nous permettait de naviguer d’une ambiance à une autre en sélectionnant les langues ou les chapitres par exemple, le Blu-ray ne propose qu’un univers.

Comment pourriez-vous présenter le film afin de donner envie à mes lecteurs d’acheter le Blu-ray ?
OB. C’est un 1er long métrage d’aventure indépendant rendant hommage à l’Å“uvre de Jules Verne telle que 20 000 lieues sous les mers ou L’île mystérieuse. Même s’il y a dans « L’île » une atmosphère de suspense, de fantastique, une ambiance mystérieuse, dramatique et de conte de fées… voire de science-fiction, il est important de dire que c’est avant tout un film qui a sa propre identité. Un film créé hors des sentiers conventionnels par amour du cinéma. Si L’île, les Naufragés de la Terre Perdue est bel et bien le récit d’une aventure, c’est surtout une aventure dans l’intimité de l’homme dans son sens le plus entier. La nature humaine est au centre de toutes les préoccupations et bien loin de tout archétype. Cette nature humaine complexe et imprévisible, l’île la repousse dans ses plus intimes et plus sombres recoins. Quand il ne reste plus rien à un homme comment peut-il envisager son avenir… sa propre vie ? Et si, du jour au lendemain, il pouvait sauver l’amour de sa vie, jusqu’où irait-il ? Le point de vue adopté pour raconter cette histoire est interne, comme si le spectateur était au final le 4ème naufragé, accompagnant les 3 autres. Nous avançons et découvrons les secrets de l’île au même rythme qu’eux. Niveau bonus, nous avons tenté d’en mettre le maximum sur le Blu-ray, sachant que nous avions au final très peu de temps pour les confectionner. Mais ça permettra au spectateur d’avoir pas mal de réponses sur les conditions de réalisation de ce projet.

Quels sont vos futurs projets ?
OB. Rien de bien précis, tout va dépendre de « L’île »… J’ai passé tellement de temps dessus. Le but c’est de pouvoir continuer à réaliser, de faire un deuxième film. Ça ne me dérangerait pas de travailler sur une commande, à condition que ce soit du film de genre. J’ai quelques projets perso en tête aussi, dont un que je pense commencer à développer prochainement… mais en anglais. Wait and see !

Un grand merci à Olivier Boillot d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.

Cédric // www.blurayenfrancais.com

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